La crise : l’occasion d’une nouvelle naissance

Renaître d’une crise professionnelle

Renaître de la crise de la vocation est le thème de ce dixième article de la série Cent pour un sur le célibat. S’engager dans un voyage vocationnel est une aventure. Il y a beaucoup à découvrir et il faut être conscient qu’il peut y avoir des moments difficiles. L’une des craintes les plus fréquentes lorsque l’on se lance dans un projet de vie est celle des crises qui peuvent survenir. On peut craindre le risque que des événements surviennent qui nous amènent à jeter par-dessus bord ce que nous avons construit jusqu’à ce moment où l’illusion qui nous a poussé à l’entreprendre ; on peut craindre que l’illusion soit dévaluée dans le désenchantement et que la voie choisie devienne une expérience lourde, voire difficile à supporter.

Lorsque ces craintes surgissent, il est bon de ne pas oublier que, comme dans tout projet humain, il peut y avoir des moments difficiles et inattendus, mais pas pour autant totalement négatifs : les crises peuvent être des occasions de renouveler la décision initiale, de ne pas détourner le regard de l’objectif choisi et de renouveler l’espoir de l’atteindre.

Table des matières : renaissance de la crise des vocations

Ces conflits sont souvent l’occasion d’un enrichissement. Les crises, une fois surmontées, sont l’occasion de conquérir une liberté plus complète et de permettre à la vie d’être canalisée, avec une décision purifiée, avec la dynamique propre à ceux qui se savent entre les mains de leur Dieu Père.

Les crises : des fenêtres par lesquelles la vie fait irruption

Les crises apparaissent sans que nous les ayons choisies. Elles nous surprennent, génèrent de l’incertitude, de la souffrance et un profond besoin de savoir ce qui nous arrive. Il est facile d’avoir l’intuition que nous ne suivons pas le chemin comme Dieu nous le demande, bien qu’une crise ne soit pas toujours le signe d’un manque de correspondance : elle est souvent le signe d’une nouvelle étape de maturité, à conquérir et à gravir.

Crise est un mot dérivé du verbe grec “krinein“, qui signifie juger pour prendre une décision ; son nom “krisis” signifie jugement, décision. Une crise est une invitation à un nouveau protagonisme de la liberté, une nouvelle opportunité d’être auteur de notre biographie. Les crises sont douloureuses parce qu’elles nous déplacent de notre zone de confort, elles nous amènent à prendre des décisions que nous ne voulons peut-être pas affronter, mais elles sont nécessaires parce qu’elles peuvent nous ouvrir à une conviction plus profonde, à un nouveau choix qui rend notre propre chemin plus ferme.

On pourrait dire que, d’une certaine manière, les étapes décisives de l’existence de chaque personne se déroulent dans la crise : la naissance est une crise, l’expérience de la découverte du monde et de sa distinction avec soi-même est critique, le choix d’un chemin pour sa propre vie est une grande décision, et enfin le passage à la vie sans fin est une crise forte pour tout le monde. À côté de cela, il y a les autres défis des grands choix de la vie.

La crise professionnelle évitable

Il est vrai qu’il y a aussi des crises qui pourraient être évitées : des situations qui n’auraient pas eu lieu si les bonnes décisions avaient été prises. Même dans ces cas, lorsque nous agissons de manière imprudente et que nous nous sentons peut-être “coupables”, il existe un gain caché qu’il est possible de conquérir. Même si nous avons déjà fait le mauvais choix, il y a de la place pour un nouveau choix qu’il est malsain d’éviter ou de déléguer à d’autres.

Ce sont des occasions de reprendre des risques et de nous lancer dans l’exercice de notre libre arbitre, seul moyen de devenir ce que nous ne sommes pas mais ce que nous voulons être. C’est un changement semblable à celui de la chrysalide, qui subit le traumatisme de briser son cocon avec effort pour pouvoir voler. Ce sont des moments cruciaux de la vie qui, face à un sens surnaturel, sont très riches pour enrichir sa biographie, se confier davantage à Dieu et acquérir une capacité purifiée de valoriser ce qui en vaut la peine.

Au début du parcours vocationnel – dans la recherche de Dieu – trois expériences se conjuguent : trouver l’Amour, se donner à l’Amour et prendre conscience que tout ce qui est grand dans notre vie vient de l’Amour. Ensuite, plus tard dans la vie, chacun de ces aspects a son propre temps de maturation qui rend le choix renouvelé, plus profond et plus solide. Ces trois étapes coïncident souvent avec les changements dans les “étapes” de la vie.

À la rencontre de l’amour : la crise de la maturité précoce

La première crise de maturation qui peut apparaître dans le parcours vocationnel se situe généralement entre 30 et 40 ans. C’est la crise de la “rencontre avec l’Amour véritable“. On ressent le besoin de prendre une nouvelle décision pour orienter sa vie, même si un temps raisonnable s’est déjà écoulé depuis le début du voyage.

On a souvent l’impression que l’impulsion initiale ne suffit plus, qu’il y a des projets jusqu’alors ignorés, que l’on découvre maintenant et qui semblaient ne pas avoir leur place dans les rêves qui accompagnaient le début de la vocation. D’une certaine manière, l’avenir n’est plus si lointain, mais il est reconnu comme quelque chose d’inévitablement immédiat. Le temps de sa propre vie est précieux et il faut en faire quelque chose d’important.

La conscience d’être propriétaire et responsable de sa propre vie est plus fortement ressentie : notre biographie devient quelque chose de beaucoup plus sérieux et nous ne pouvons plus reléguer sa réalisation à un avenir imaginaire. Nous nous sommes un peu éloignés de la naïveté de nos 20 ans, mais pas assez pour avoir l’expérience de la manière de continuer. Il y a de l’incertitude et du malaise, ce qui est surprenant parce qu’ils semblaient avoir été dissipés lorsque le premier oui a été prononcé. À cette époque, l’insécurité face à l’avenir (travail, profession, relations affectives précieuses, etc.) est souvent accentuée, et les questions fondamentales se posent à nouveau : qui suis-je vraiment et qui ai-je envie d’être ?

Valoriser les relations amoureuses

L’évaluation des relations affectives se fait aujourd’hui avec une nouvelle approche. L’amour humain – l’attraction naturelle de la complémentarité des sexes – est considéré comme un projet possible, plus proche et plus désirable, qui exige de ne pas retarder une décision en sa faveur. Il semble qu’auparavant il n’était pas possible de sentir ce qu’il éveille à ce moment-là et que, loin d’être quelque chose d’abrupt et de corporel, il a la saveur d’un amour noble et affectueux.

On peut avoir l’impression que les écailles tombent des yeux, l’impression d’une certaine déception naïve dans laquelle on est entré par inexpérience et à partir de laquelle on a pris une décision peut-être hâtive. On peut penser que l’on s’est laissé séduire par des idées et des rêves trop grands, sans réfléchir à l’importance d’un autre amour, différent, que l’on ressent maintenant comme nécessaire.

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Clé 1 : “Je me suis laissé séduire”.

Dans cette crise, il y a un fort besoin de reconnaître – à nouveau et d’une nouvelle manière – l’Amour véritable. Il est risqué de se laisser éblouir par l’apparition de nouvelles expériences ou de penser que ce n’est que maintenant – parce que nous avons mûri un peu plus – que nous sommes en mesure de juger avec certitude d’un autre mode de vie possible, dans lequel l’amour n’est plus perçu dans les rêves ou les projets, mais dans les personnes.

Dans le cas du célibat, c’est le moment de redécouvrir, dans une lumière nouvelle, l’amour de Jésus pour chacun de nous, la fécondité de notre affection pour tant de personnes et l’affection que nous recevons d’elles. C’est le moment pour que le célibat prenne plus de force comme projet affectif, et pas seulement comme idéal de conquêtes et de bonnes actions. Cela exige une nouvelle découverte de l’amour personnel de Jésus et pour Jésus.

Décider du fond du cœur de renaître à la vocation

Nous pourrions dire que l’expression clé avec laquelle nous passons la porte de cette crise est « je me suis laissé séduire ». Cette expression profonde, qui apparaît dans Jérémie (20,7), est la grande décision nécessaire à ce moment de la vie. Il s’agit d’une décision de foi et, en même temps, de confiance de la part du cœur. C’est le moment de nous laisser envelopper à nouveau par une certaine séduction de la part de l’Amour du Seigneur, qui exige la liberté de le laisser nous séduire, nous attirer.

Une confiance qui se traduit par la conviction que son Amour est tout ce que nous cherchons. Ce pas n’est pas exclusif à la crise du célibat : quelque chose de semblable se produit dans le projet de mariage et coïncide habituellement avec le “oui” définitif, le mariage. C’est là que nous arrivons généralement, sans l’impulsion naïve et sensible de tomber amoureux, avec le réalisme de nous connaître un peu mieux et de savoir que l’autre est un compagnon de route non seulement par attirance, mais parce que nous l’avons choisi.

Renouveler la foi face à la crise des vocations

Dans cette crise, la foi a la grande mission d’être comme la fenêtre par laquelle entre la lumière qui nous permet de discerner ce nouveau Jésus, avec lequel il est nécessaire de se rencontrer pour renouveler notre relation personnelle. Outre un style de prière plus proche, un dialogue confiant avec un accompagnateur et le fait de se laisser à nouveau éclairer par la vie d’autres personnes peuvent également y contribuer, ce qui éclairera et renforcera la confiance : en voyant ce que Dieu a fait en eux, nous serons plus confiants dans ce qui ne peut pas encore être pleinement découvert dans notre propre et brève expérience.

Cette crise pourrait être illustrée par l’expérience du jeune homme riche lors de sa rencontre avec Jésus (Mc 10,17-30). Il est nécessaire de reconnaître Jésus comme un inspirateur de son propre cœur, même s’il demande tout. Pas seulement comme un meneur d’illusions. La nouvelle “décision” à laquelle conduit cette crise est donc de reconnaître et de rechoisir l’Amour véritable dans notre vie. C’est un pas qui demande de se passer, en quelque sorte, des impulsions, de l’environnement, des élans sentimentaux et de s’ouvrir, au contraire, en s’ouvrant à cette réalité surnaturelle à partir de laquelle tout s’éclaire.

Le moment de l’abandon : la crise de la quarantaine

La crise de la quarantaine ou “crise du milieu de la vie” est un moment décisif qui nous permet de présenter à Dieu, de manière plus libre et plus profonde, tout ce que nous sommes. Elle survient à un moment de la vie où plusieurs décennies se sont déjà écoulées depuis le “oui” initial. Cependant, le passage du temps offre l’opportunité de répondre par un “oui” plus libre et plus profond, précisément parce qu’au cours de cette période nous avons eu l’occasion de découvrir l’Amour, et nous avons pu réduire l’importance des attentes concernant des questions secondaires qui pourraient l’éclipser.

À ce stade, il y a souvent une nouvelle remise en question de sa propre vie, de ce qui a été normal jusqu’à ce moment-là. On s’interroge également sur le sens de sa propre existence, sur les objectifs poursuivis, sur les résultats obtenus et sur ceux auxquels on aspire.

Rêves non réalisés

Il est fréquent d’avoir le sentiment que tout ce que l’on espérait n’a pas été réalisé et que de nombreux rêves ne seront plus possibles. Un sentiment d’insatisfaction ou de frustration peut naître et, par conséquent, une nouvelle urgence de résoudre le dilemme peut apparaître, comme s’il s’agissait de la “dernière chance” de transformer sa vie en quelque chose de valable.

Dans ces moments-là, il faut décider si la valeur de sa vie est basée sur l’Amour reçu et auquel on veut correspondre ou, au contraire, préférer un changement radical pour concevoir que ce qui reste de sa vie devra être construit sans trop regarder vers ce que l’on a découvert en Dieu et le projet que l’on continue d’écouter Sa proposition. Ce dilemme, donc, après avoir découvert l’Amour dans ce que nous avons vécu jusqu’à présent, est une occasion inégalable de nous “redonner” à Lui, bien que cela exige une motivation plus profonde et purifiée.

Clé 2 : “Reconnaître”

La dynamique de cette crise peut être observée dans la rencontre de Jésus avec les disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-35)[1]. À la suite de cette rencontre – qui survient après la déception de la passion et de la mort du Seigneur – les disciples reconnaissent Jésus d’une manière nouvelle, et non plus comme ils s’attendaient à le voir triompher et vivre. « Les yeux des disciples s’ouvrirent et ils le reconnurent, alors qu’il avait disparu de leur vue ».

Cette crise est celle de la décision de « reconnaître » le Dieu que nous cherchions, mais d’une manière plus authentique, détachée du messianisme et de l’attachement à la voie du succès que nous attendions en le suivant, et qui ouvre des perspectives permettant de croire à la possibilité de laisser Dieu aimer et agir comme il le veut. Des perspectives s’ouvrent qui permettent de croire en la possibilité de laisser Dieu aimer et agir comme il le veut, et l’on revient à la mission avec un nouvel enthousiasme enraciné dans la foi, plus réaliste, libéré des mesures humaines et conscient que les limites font partie de l’histoire de l’Amour.

Une vocation dans la vocation

Certains appellent cette crise la vocation dans la vocation. C’est une maturation à laquelle les époux sont également confrontés à un âge similaire, probablement déjà avec de grands enfants qui absorbent beaucoup d’énergie, quelques blessures sur le chemin de la relation et un peu de fatigue. C’est l’occasion de se découvrir dans un projet fructueux et de choisir à nouveau. La tentation est d’opter pour une alternative plus attrayante et éblouissante, un changement radical de projet.

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Ici, la décision à laquelle la crise nous confronte est le fondement de ce que je crois être la valeur : la valeur de la vie repose-t-elle sur l’Amour reçu et que l’on veut rendre ou, au contraire, sur une autre option où la vie se construira davantage à sa propre mesure. Après avoir découvert l’Amour, c’est le moment de se donner à Lui.

Cette crise est précieuse parce qu’elle conduit à la plus grande liberté. Elle nous permet d’apprécier le motif qui soutient la vie : avoir reçu un grand Amour qui est plus grand que les bons et nobles rêves que l’on aspirait à réaliser. C’est une crise de renouvellement : la nouveauté vient après une nouvelle “mort à soi-même” et une confiance excessive dans sa proposition. Si nous évitions cette transformation, le chemin serait peut-être parcouru avec inertie et même avec un certain cynisme : nous pourrions choisir de continuer mais en abandonnant les grands objectifs que nous avons découverts au début.

L’équilibre de vie : l’occasion de reconnaître la fécondité

C’est un moment de maturité, non plus comme une plénitude de force, mais comme l’occasion de reconnaître que la vraie richesse de notre vie est dans ce que nous avons reçu, dans ce qui nous a été donné par Amour et non dans les fruits mesurables obtenus.

Elle intervient généralement à partir de 60 ans. C’est le moment de faire le point. On prend conscience que « tout ce qui pouvait être fait d’important l’a été » et qu’il n’y a plus de temps ni d’occasion de changer ce qui a été fait. Les limites physiques et émotionnelles sont perçues plus clairement. On vit avec la richesse de l’expérience, même si l’on a peut-être envie de retrouver l’agilité et le dynamisme de la maturité de la jeunesse.

La perte des feux de la rampe

Un certain sentiment de “stationnement” peut apparaître, où le rythme de vie est atténué, où l’on sent que le rythme n’est plus aussi énergique qu’il l’était auparavant. Il peut arriver que les choses précieuses qui ont été vécues et réalisées ne soient plus appréciées, précisément à cause d’une sorte de surdité due au fait que l’on ne se considère plus comme un protagoniste, ni comme une force, ni comme un espace pour de grands projets.

Il est possible que le contraste et l’incompréhension avec les idéaux et les attitudes de la jeune génération apparaissent. Le dialogue avec cette nouvelle culture devient peut-être un peu plus difficile et il y a peut-être la menace de voir la nouvelle génération avec désenchantement : il est difficile de la comprendre et de vouloir dialoguer, et de ne pas manquer l’occasion d’enrichir les nouvelles générations, de savoir qu’elles sont porteuses du trésor d’une vie déjà vécue.

Cette étape exige une décision importante, de la maturation de laquelle découlera la capacité de terminer la vie avec gratitude et optimisme. Mais ce qui est encore plus important, c’est qu’il s’agit de la dernièreleçon” à apprendre : celle qui nous permettra de jouir dans l’éternité de la symphonie de l’Amour véritable dans le Cœur de Dieu, parce que nous aurons appris à valoriser, avant tout, l’Amour donné gratuitement. Il est donc temps d’être reconnaissants, mais en même temps de relativiser le poids excessif que nous avons tendance à donner à nos propres réalisations.

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Clé 3 : “Réévaluer”

Cette période peut sembler sombre. Mais ce n’est pas seulement une période de déclin. C’est la grande occasion de “reconnaître” ce que l’amour de Dieu a semé et fait fructifier dans notre propre histoire, même malgré nous. C’est le moment d’une nouvelle vérification qui, à travers la foi, nous donne la possibilité de nous défaire d’une vision trop humaine ou utilitaire, trop centrée sur le “j’ai fait”.

Une analogie de cette crise se trouve dans le récit où Jésus ressuscité, avant son Ascension, demande à Pierre de réaffirmer son amour pour lui (Jn 21, 15-19) malgré l’expérience de la faiblesse et de l’échec : précisément pour que ce soit son Amour seul qui le soutienne et le rende fécond.

Comme ce fut le cas pour Pierre, c’est le moment de laisser la miséricorde guérir les blessures – les expériences et les histoires non guéries –, conduire à une réévaluation de ce qui est fondamental et donner l’occasion de le passer et de le transmettre. Comme est puissant l’enthousiasme communiqué par une personne mûre et reconnaissante pour sa vie fidèle à sa vocation ! Et comme il est parfois triste de voir des personnes qui ont tant donné d’elles-mêmes, mais qui n’ont pas su se recycler, se prendre un peu moins au sérieux et voir surtout la bonté de Dieu se répandre dans leur propre histoire. Une vieillesse joyeuse et reconnaissante dépend de ce recyclage, qui n’est pas seulement une attitude intelligente pour attendre la fin, mais la dernière leçon pour se mettre au diapason de la symphonie qui remplira le Ciel : la symphonie de l’Amour donné en cadeau.

Dynamique de crise et opportunité de foi

Dans les crises de la vie, des questions fondamentales se posent à nouveau : « quel est le but de ma vie ? », « qui suis-je vraiment ? », « qu’est-ce qui compte vraiment ? » Ces moments, vécus sur le chemin d’une vocation surnaturelle – comme le célibat – appellent à une ouverture plus profonde à ce que Dieu est, montre et propose. Ce défi ne peut être éludé ou remplacé par des ressources émotionnelles ou des compensations qui, bien qu’elles puissent aider, ne vont pas au cœur du problème et finissent par être des analgésiques inefficaces. Ces crises mondiales sont des crises de saints, comme le disait saint Josémaria [2] Il en va de même pour les crises existentielles de chaque individu : ce sont des crises qui exigent plus de foi, qui demandent une transformation en hommes et en femmes qui sont plus de Dieu, moins dépendants d’eux-mêmes.

Comme nous l’avons déjà dit, la scène de la rencontre de Jésus avec les disciples d’Emmaüs a un message très riche pour les crises existentielles. Elle nous aide à voir le rôle fondamental de la foi dans le renouvellement d’une vision et d’une expérience qui nous permettent de continuer le chemin, avec un sens nouveau. Les disciples reçoivent d’abord de Jésus une nouvelle lecture de l’échec et des difficultés, de la défaite apparente. À travers le dialogue, il leur apprend à regarder la réalité du point de vue de la foi.

L’oxygène de la foi pour renaître dans la crise des vocations

L’”oxygène” fourni par une foi solide et une espérance cultivée est indispensable. L’oxygène que seules une foi plus forte et une meilleure espérance peuvent donner est essentiel. « Nous avons besoin d’une espérance, petite ou grande, qui nous fasse avancer jour après jour », explique le pape Benoît XVI. Mais sans la grande espérance, qui doit surpasser tout le reste, elles ne suffisent pas. Cette grande espérance ne peut être que Dieu, qui embrasse l’univers et qui peut nous proposer et nous donner ce que nous ne pouvons atteindre seuls. En effet, être gratifié d’un don fait partie de l’espérance.

Dieu est le fondement de l’espérance, mais pas n’importe quel Dieu, celui qui a un visage humain et qui nous a aimés jusqu’au bout, chacun de nous en particulier et l’humanité dans son ensemble. Son royaume n’est pas un au-delà imaginaire, situé dans un futur qui n’arrivera jamais ; son royaume est présent là où il est aimé et où son amour nous rejoint. Seul son amour nous donne la possibilité de persévérer jour après jour en toute sobriété, sans perdre l’élan de l’espérance, dans un monde par nature imparfait. Et, en même temps, son amour est pour nous la garantie qu’il existe ce que nous ne pouvons que vaguement pressentir et que nous espérons pourtant au plus profond de nous-mêmes : la vie qui est “vraiment” la vie »[3].

Reconnaître le Seigneur comme les disciples d’Emmaüs

Elle donne aux disciples d’Emmaüs la force de reconnaître Jésus présent dans l’Eucharistie, c’est-à-dire le Dieu-avec-nous qui partage vraiment notre histoire, qui marche avec nous. Même s’il a disparu de leur vue, il est là. Il a disparu de la manière dont ils s’attendaient à ce qu’il soit présent. Mais il a élargi leur vision parce qu’il les a amenés à tout regarder avec une foi nouvelle. Ce changement, cette croissance dans la foi leur permettra de revenir avec leur propre témoignage – soutenu par une nouvelle foi – et de proclamer le pouvoir “déconcertant” de Jésus ressuscité.

Reconocer al Señor en la crisi vocacional, serie Ciento por uno sobre el celibato

Saint Josémaria a bien résumé ce chemin en demandant : « Quel est le secret de la persévérance ? – L’amour. – Tombe amoureux, et tu ne le quitteras pas »[4]. Et que don Alvaro del Portillo a commenté en proposant à son tour : « Ne le quitte pas, et tu tomberas amoureux »[5].

Notes sur la crise des vocations

[1] Sur la crise de la quarantaine, nous recommandons le livre de Damián Fernández, Giro en U, Ed. Logos, Buenos Aires (ou intitulé La segunda conversión, à l’édition Rialp).

[2] Cf. Camino, n. 301.

[3] Benoît XVI, Encyclique Spe Salvi, 31.

[4] Camino, n. 999.

[5] Carta, 19-III-1992, n 50.

Fernando Cassol
Fernando Cassol
Fernando Cassol es sacerdote de la Prelatura del Opus Dei. Ejerce su ministerio en Buenos Aires (Argentina). Graduado en Ciencias Económicas se especializó en Filosofía, en la Universidad de la Santa Cruz (Roma). Su tarea principal se centró en la formación y acompañamiento espiritual de jóvenes, trabajando en particular con los que comenzaban su camino vocacional en el celibato.

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