Foi et santé

La foi vécue avec cohérence améliore la santé

Alarmes psychologiques et spirituelles, Entretien avec Wenceslao Vial, auteur de Madurez psicológica y espiritual. La foi n’est pas un médicament, mais il y a plusieurs motifs pour lesquels elle est utile pour la santé.

Et plus précisément, pour l’unité entre les dimensions de la personne. La foi donne la lumière à l’intelligence, pour capter plus facilement ce qui est bon et mauvais, ce qui est une vertu ou un vice, la valeur de la tempérance.

L’auteur met en exergue la valeur de la vie chrétienne pour la sérénité et l’équilibre, avec des suggestions pratiques pour comprendre, traiter et prévenir des problèmes psychologiques, sachant les distinguer des difficultés spirituelles. Le sens des symptômes est éclairci et l’on guide le lecteur vers les options qui paraissent plus appropriées. La personnalité mature se présente comme un défi attractif, et l’inconscient ne se considère pas un espace impénétrable.

Expérimenter la vie comme une aventure joyeuse et sereine

L’Esprit remplit et impulse les voiles de notre âme libre. Le chrétien n’est jamais seul dans sa mission. «Celui qui ne possède rien, ne peut rien partager; celui qui n’est pas en train d’aller quelque part, ne peut avoir de compagnons de voyage» (C.S. Lewis).

Je suis responsable de ma manière d’être? Peut-on sortir de la dépression? Comment vaincre l’anxiété? Existent-ils des moyens pour surmonter l’addiction aux drogues ou à internet? Que peut faire la famille d’une personne avec des troubles mentaux? Quand a-t-on besoin d’un médecin, d’un psychologue ou d’un prêtre? Le sexe est-il une invention dépassée, un jeu ou un tabou?

Le livre offre des réponses à ces questions et à d’autres sujets d’actualité indéniable.

Thèmes des questions sur la foi et la santé psychologique

Dans quel sens le manque de foi peut amener à une pathologie?

Le manque de foi n’amène pas nécessairement à une pathologie médicale. Cependant, une vie d’incohérence entre les propres valeurs et la conduite personnelle, ou une négation a priori de n’importe quel sens de la propre existence, pourrait perturber la personne.

La foi est un fruit de la grâce divine et, en même temps, un acte de la volonté humaine. Toute personne compte sur l’aspiration religieuse qui la meut à chercher Dieu et, lorsque l’on reçoit le don gratuit de croire, à le traiter et à l’aimer. Si l’on n’a pas reçu ce don, cette même aspiration religieuse, qui bat dans le cœur de toute personne, l’impulse -au moins- à chercher le sens de ce qui existe. L’immensité obscure de l’univers se rend plus transparente avec la foi.

Celui qui croit seulement en lui-même, en ce que voient ses yeux et palpent ses mains, ou se meut seulement pour ce qu’il comprend totalement, pourrait arriver à tomber malade, puisqu’il se trouverait incapable de prendre la distance avec l’immédiat et pouvoir s’élever vers des réalités supérieures. Il pourrait arriver à douter -excessivement- de tout: l’électricité qu’il ne voit pas, l’arrivée de l’homme sur la lune…

Il y a ceux qui affirment qu’ils ont la foi mais qu’ils répondent seulement à leur propre conscience…

La personne humaine est essentiellement appelée à la responsabilité, c’est-à-dire, à la capacité de donner une réponse. Et cela exige qu’il y ait quelqu’un hors de nous qui reçoive cette réponse. Une autonomie absolue n’est pas compatible avec la croyance en un être supérieur, ni avec les observations de la raison. Ceux qui affirment assez l’autonomie ont, peut-être, peur d’être responsables: pour donner des réponses et répondre de leurs propres actions devant une autre personne ou devant Dieu.

Il n’est pas rare que quelques-uns excluent de la foi ce qui leur résulte inconfortable: ils peuvent croire en Dieu, mais pas en ce qu’Il les exige avec affection et les guide vers le bien, la vérité, l’amour, la vertu; des aspects qui demandent de l’effort, changer de vie, arrêter de chercher seulement des plaisirs immédiats. Ils ont l’intuition qu’il y a une vérité supérieure pour laquelle certaines choses sont bonnes et d’autres mauvaises, mais ils ne veulent pas le reconnaître pour ne pas avoir à répondre avec décision.

Un saint du deuxième siècle a bien dit que Dieu est vu par ceux qui sont capables de le regarder, s’ils ont les yeux de l’âme ouverts. L’âme de tous a des yeux. Mais il y a ceux qui les ont obscurcis ou les ferment volontairement et ne voient pas la lumière du soleil.

De quelle manière une pathologie peut-elle amener à un manque de foi?

La santé est le bien-être physique, psychique et social. Si nous ajoutons la dimension spirituelle, nous avons devant nous l’unité admirable de l’être humain. Une fissure dans n’importe laquelle de ces dimensions peut compromettre l’édifice entier, où il y aura des défauts plus ou moins profonds. Une altération physique ou psychique peut affecter la dimension spirituelle qui soutient la foi.

La maladie en soi n’amène pas au manque de foi. Quelques-unes, cependant, peuvent rendre difficiles l’exercice de l’intelligence et de la volonté; et, dans le dégât mental grave, les manifestations externes de l’esprit peuvent être empêchées. Ce ne serait pas proprement une perte de foi, mais un processus de dégénération corporelle.

La souffrance est en plus toujours un défi pour la foi. Il devrait être rejeté sans espérance ou être vu, avec la grâce, comme un chemin de croissance: il nous rend conscients de notre nature limitée et finie qui réclame un sens.

Quels sont les signaux d’alarme d’un problème psychologique?

Dans le livre j’entends décrire divers signaux d’alarme, pour les reconnaître et les affronter. L’anxiété, les obsessions, le découragement maintenu dans le temps, l’impulsivité et les réactions disproportionnées sont quelques-uns d’entre eux. Beaucoup de fois, lorsque nous entendons l’alarme d’une voiture ou d’une maison, nous n’accourrons pas voir ce qui se passe, mais nous pensons: “l’indésirable de toujours est là”. Il ne doit pas se passer ainsi lorsque nous nous rendons compte en nous-mêmes ou chez d’autres personnes d’un signal de souffrance. Il faut chercher ce qui a déclenché l’alarme: un problème physique, psychologique ou spirituel…

Si ces alarmes ou symptômes psycho-physiques ne s’arrêtent pas, ils cessent d’être utiles et paralysent jusqu’à la vie spirituelle, avec l’épuisement physique et émotif. Le terme burnout (être brûlé) a été inventé pour définir un état de l’humeur bas, associé au stress de quelques professions de service (infirmières, femmes de maison, médecins, éducateurs, policiers, prêtres…), dans lequel la personne se sent peu correspondu et se gaspille. La manière d’être préalable influe, ce qui rend difficile la réalisation des tâches avec ordre et mesure.

Beaucoup de fois ces personnes sont perfectionnistes et incertaines, assez exigeantes envers elles-mêmes, avec une faible tolérance à la frustration ou sans capacité de gérer humblement le succès, qu’elles tendent à intégrer plus que ce qui est prudent.

Vivre la foi correctement prévient-il contre la pathologie?

Les études scientifiques démontrent que la foi prévient certaines maladies et améliore le pronostic d’autres. La foi n’est pas un médicament, mais il y a plusieurs motifs pour lesquels elle est utile pour la santé, précisément à cause de l’unité entre les dimensions de la personne. Elle donne de la lumière à l’intelligence, pour capter plus facilement ce qui est bon et mauvais, ce qui est une vertu ou un vice, la valeur de la tempérance: boire de l’alcool avec modération, user de la sexualité seulement lorsqu’il y a de l’amour, dans le mariage et avec le propre conjoint, etc.

La Bible recueille plusieurs orientations millénaires comme la suivante: «Ne lorgne pas le vin qui rougeoie, si beaux que soient ses reflets dans la coupe, car il va droit au but: il finit par mordre comme un serpent, il pique comme une vipère» (Pr23, 31-32).

Combien de choses représentent aujourd’hui ce “vin”: l’addiction à la drogue, à la pornographie, à internet, ou l’augmentation de familles détruites. Si nous étions aussi plus attentifs aux alarmes spirituelles, aux premières étincelles, que la foi aide à découvrir, l’incendie ne se propagerait pas.

C’est-à-dire, la foi favorise la stabilité…

La foi possède une grande efficacité préventive par sa définition: «La foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas» (He 11, 1). Sur l’identité des créatures voulues par Dieu se fonde la grande espérance de vivre pour toujours avec Lui: arriver au ciel. Par la foi nous espérons ce que nous ne voyons pas et nous avons la certitude d’atteindre un but qui réveille les envies de vivre avec enthousiasme, passion et effort personnel. L’existence chrétienne n’est pas une recherche immobile de stabilité, sinon une tension sereine vers le bien.

La foi aide t-elle à un développement plénier de la personnalité?

La foi en Dieu apporte, comme je disais, une base solide pour croître et renforce l’identité: nous savoir aimés comme des créatures, admirables comme des hommes et des femmes. Le christianisme ajoute la conviction que tous nous sommes enfants de Dieu, qui remplit d’orgueil. Mais croire n’est pas suffisant. Il faut une foi vécue, avec espérance et charité. Seul celui qui sort de lui-même, se donne aux autres et leur répond, répond aussi à Dieu.

Le processus de maturation purement humain porte à sortir de soi-même. Le bébé de quelques mois ne se préoccupe plus seulement de son doigt, il reconnaît le visage de la mère, sourit. Petit à petit, il découvre qu’il n’est pas l’unique “roi” dans le monde. Il cesse de tout réclamer et de dire “mien, mien”… Le garçon de 13 ans n’exige plus que ses parents lui achètent une bicyclette, mais attend… et peut-être se comporte mieux avant son anniversaire, pour la recevoir… L’espérance et la bonne humeur s’ouvrent un chemin.

Convictions surnaturelles, foi et santé mentale

Les convictions surnaturelles imbibent cette réalité et donnent une nouvelle impulsion à la capacité de prendre la distance des événements, de les affronter avec moins de drame, en surmontant les contrariétés et de recommencer. J’ai goûté il y a peu le Kaiserschmarrn: quelques morceaux de pâte peu formée avec une compote de fruit. On raconte que le cuisinier de l’empereur François Joseph voulait préparer un gâteau élégant et majestueux, mais quelque chose n’a pas marché. Sans se décourager, il a utilisé son génie et s’est servi de cette pâte de pas très bon aspect. Le désert a reçu de grands éloges.

Celui qui vit face à Dieu donne moins d’importance au qu’en dira t-on, s’il fait mal quelque chose il admet la faute et demande pardon. La honte est remplacée par le repentir et il recommence. Il dispose aussi pour cela du sacrement de la miséricorde ou de la confession. Elle est capable de prendre des décisions définitives dans sa vie, comme le mariage ou une vocation religieuse, et de les protéger même dans des moments de tempête. Il sait qu’il y a quelqu’un à qui il peut se diriger, quelqu’un qui l’aime, à qui répondre.

Pourrait-on avoir un développement plénier de la personnalité sans la foi?

Un ami médecin me disait: «quelle chance tu as de croire en Dieu». Lui, il n’a pas encore reçu la foi, mais il est fidèle à sa femme et ensemble ils font aller de l’avant la famille et les enfants, il essaie de bien faire son travail et se préoccupe de ses patients. Il est en chemin de maturité, parce qu’il agit avec responsabilité. Je dis en chemin, parce que le développement de la personnalité est un processus qui dure toute la vie. Seulement à la fin nous pourrons dire si nous sommes arrivés à la plénitude ou pas.

Les caractéristiques d’une personnalité mûre peuvent être trouvées chez n’importe quelle personne, et elles ne sont pas distinctes de la maturité chrétienne. Depuis l’antiquité grecque le développement se base sur une bonne connaissance de soi même. Le chrétien “court” cependant avec un avantage, il a un modèle: Christ, qui le favorise. Il ne reste pas seulement sur l’image que lui offre un miroir, sinon qu’il regarde une personne et essaie de lui ressembler. En Christ il trouve les clés pour déchiffrer les dilemmes de son existence, qui incluent la souffrance.

Sans foi dans un futur éternel, il est plus facile de se laisser entraîner par les biens apparents, par des étincelles de plaisir, tomber dans le désespoir.

Est-il possible de vivre la foi de manière pathologique?

Il y a plusieurs manières anormales de vivre la foi. La première et évidente est d’imposer son credo avec violence. La seconde, plus répandu et sibyllin, est de voir Dieu comme s’il était un spray, selon l’expression du Pape François: c’est-à-dire, comme un assainisseur d’air qui aide à certains moments, peut-être lors des mariages et des funérailles, mais est absent des activités quotidiennes, de l’honnêteté du travail, de la diversion, de l’aide aux plus nécessiteux.

Ici commence la déviation des doubles vies, des petits égoïsmes qui finissent en grands; et c’est le contexte d’un autre danger extrême: ceux qui pensent que leur foi, leur religion, est tellement intime et personnel, qu’ils ne parlent jamais d’elle à personne.

Une troisième forme pathologique de vivre la foi, très unie à des aspects psychologiques, se donne chez des personnes avec des altérations importantes dans leur manière d’être. Je ne me réfère pas à des “défauts normaux”, que nous avons tous, sinon à des pathologies qui se forment au long des années. Parmi celles-ci, il est fréquent le perfectionnisme de ceux qui croient et veulent bien faire les choses, mais trop bien. Pour eux, il y a une seule manière de couper le gazon, une seule manière de faire un désert et de servir les plats, une seule manière de prier. Il existe le remède, si l’on veut l’appliquer, même s’il coûte et ne soit pas d’effet immédiat.

Une autre anomalie assez fréquente est celle de ceux qui transforment la foi en superstition. Ils cherchent des dieux à leur mesure, des taureaux, des poupées, des sorciers…, parfois pour ne pas avoir à donner une réponse à un Dieu personnel.

Comment il résumerait l’attitude adéquate de la vie spirituelle?

La vie spirituelle saine conduit à sortir de soi-même. Celui qui prend de la distance avec ce qui se passe en lui-même et dans son entourage, celui qui monte au balcon de sa vie pour voir avec perspective, est plus heureux et efficace. Les succès acquièrent leur importance réelle, les solutions sont plus faciles, il y a plus de sérénité. Chez tous vibre la nécessité de trouver le sens, il y a un désir de transcendance et des envies de voler, d’arriver plus haut.

Beaucoup de fois j’ai vu des personnes assoiffées de foi, d’espérance, qui cherchent la transcendance, qui voulaient voir depuis le haut avec plus de lumière pour comprendre les dilemmes de leur vie comme le reflètent ces versets de Neruda:

                            Le monde est une sphère de cristal,

                            l’homme marche perdu s’il ne vole pas

                            il ne peut comprendre la transparence.

                            C’est pour cela que je professe

                            la clarté qui ne s’est jamais arrêtée

                            et j’appris des oiseaux

                            l’espérance assoiffée,

                            la certitude et la vérité du vol.

Wenceslao Vial

Article original en espagnol

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