Le père de tes enfants

La complémentarité de l’homme et de la femme

 

Par Javier Vidal-Quadras

Je me rappelle que, lorsque mes enfants étaient petits, un ami qui avait seulement des filles me dit: parfois je demande en prêt un petit neveu pour que mes filles apprennent à connaître de manière naturelle la différence entre un homme et une femme. Je parle de très jeunes âges, lorsque les enfants vivent encore dans ce que Saint Jean Paul II appela l’ “innocence originaire”.

 

Il me sembla une forme ingénieuse de les mettre devant la réalité de la condition sexuée de l’être humain. En fin de compte, l’unique manière de comprendre le corps de l’homme est à travers celui de la femme, et viceversa.

 

Si nous faisions l’exercice mental de nous situer devant l’hypothèse d’une humanité d’un seul sexe, le corps humain résulterait incompréhensible. Quel sens a un membre qui pend entre les jambes, est délicat et incommode, croît et décroît de façon inattendue? N’y aurait-il pas une autre forme plus facile? Et quel sens aurait, dans une humanité seulement féminine, une cavité intérieure, aussi délicate et cachée, sujette à des infections et sans qu’on ne puisse rien garder en elle? Ou des protubérances pectorales très sensibles qui doivent être protégées de tout coup, aussi léger soit-il?

C’est évident, depuis une perspective biologique, qu’un corps est voué à l’autre et seulement en fonction de lui il a un sens. Seul cet “autre” corps, complémentaire au sien, le rend compréhensible. Et lui indique aussi un chemin: il est appelé à sortir de lui-même, à se donner et accueillir, à se faire don. Les corps féminin et masculin sont conçus pour s’unir.

Maintenant, le corps humain est inextricablement lié à l’esprit; il est, en plus, âme. Le corps est reflet de cet “intérieur”, expression d’une vérité intérieure qui ne se voit pas, mais que tout le monde sait qu’il existe et qui “est” -il a une réalité- seulement avec celui-ci et dans ce corps. Si le corps est l’expression de la personne et est conçu pour se donner, la personne entière l’est aussi. Pour cela, il y a celui qui choisit de se donner entièrement à Dieu et aux autres sans donner son corps à une autre personne humaine, mais cela est la farine d’un autre sac…

Aujourd’hui je voudrais m’arrêter sur cette union homme-femme. D’abord vient l’union, après le fruit. Il est certain que chaque union, qu’elle soit biologiquement stérile ou féconde, génère en elle-même de multiples et divers fruits appelés à fortifier l’union elle-même (une seule chair!): attraction, compénétration, délicatesse, affection, compréhension et tant d’autres.

De fait, comme explique Fabrice Hadjadj, l’enfant n’est pas, ne devrait pas être, fruit d’une intention directe, sinon d’un acte d’amour entre un homme et une femme, ce qui introduit une différence radicale qui évite la tentation de possession, de domination de l’enfant par ses parents. L’enfant n’est pas l’objectif de l’amour de ses parents, sinon le cadeau, le don que cet amour reçoit – «mon enfant, moi la personne que j’ai aimé en premier fût ta mère, n’importe quel père devrait pouvoir le dire, et ce fût cet amour qui te mit entre mes mains»-. L’homme n’aime pas -ne devrait pas aimer- la femme, et vice-versa, à cause de l’enfant. Le cas échéant, le père et la mère se transformeraient en instruments, en moyens de conception et non en sujets destinés à aimer. Et l’enfant, avec raison, deviendrait un produit pensé, décidé et élaboré, «il serait une pièce de plus d’un dispositif, une étape dans un projet et non l’avènement unique de la vie qui commence et qui nous excède toujours», affirme le même auteur.

Pour cela, le conseil traditionnel des parents à leurs enfants nubiles: as-tu pensé à elle comme mère de tes enfants… ou à lui comme père de tes enfants?, devrait être revu. Il est bien qu’il réunisse les conditions pour être une bonne mère ou un bon père, mais l’expérience enseigne qu’on échoue plus en étant amant qu’en étant père. Très peu de gens néglige leur amour paternel ou maternel, mais pas quelques-uns finissent par négliger et gâcher leur amour conjugal.

Par conséquent, le conseil est: pense à lui ou à elle plus comme compagnon et amant (dans le sens correct et propre du mot) pour toute la vie que comme père ou mère. Et, lorsque cela est nécessaire, relègue tes enfants pour te consacrer de préférence à lui ou à elle, à vous deux. Ne l’oublie pas: tes enfants, un don qui ne t’appartient pas, sont venus au monde pour te laisser; mais elle/il, un don que tu ne mérites pas, est arrivé dans ta vie pour être ta vie.

Article original en espagnol

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